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R.A.S
01/10/2006 02:12
R.A.S. : Rencontre avec Satan
Nuit. Pas de vent encore. Je n'arrive pas à dormir. Je suis dehors. Pas un bruit dans les rues. Je n'entends que les palpitations de mon coeur glacé par la colère, jaillissant par ses pulsations jusque sous ma peau asséchée par le froid. Je n'écoute que mon souffle en concordance avec mes pas. Puis, ces mouvements machinaux sont brusquement interrompus, foudroyés par l'effroi.
Nuit. Toujours pas de vent. Je ne bouge pas. C'est la voix du Diable que j'entends. Je me retourne. Il est devant, me fait face, m'attend. Ses yeux bleus démontrent qu'il faut se méfier de tout et que personne n'est innocent. M'enfuir? Je n'en ai pas le temps. Sa laideur n'a d'égale que son attirance. Il communique par télépathie. C'est une emprise de conscience. J'ai peur. J'ai peur. Cette peur est palpable. Il pénètre dans mon esprit. De quoi suis-je coupable? J'ai envie de crier. Aucun son ne sort de ma bouche. Une lumière blanche furtive, le vent se lève, puis je m'écroule, je me couche...
Nuit. Je me relève. Mon coté obscur se révèle. Le vent souffle maintenant en rafales. Je marche péniblement. J'ai mal. De peur de retrouver la bête, je m'efforce de courir. J'entre dans un bar. Je commence à sourire. D'envie, de plaisir, de besoin, de désir. L'ambiance est gothique. Tout le monde participe à une orgie. De mon rire satanique, j'ébranle cet endroit malsain et banni. Proxénète profitant de la vie, je suis ici pour violer les âmes par l'arme du mépris. Je mate des filles exquises, elles en veulent toujours plus : sex is ecstasy. Ce qui me pousse à rester là? Bien sûr, les pulsions sexuelles. Le sexe est essentiel. Je me sens pousser des ailes. La luxure, les plaisirs charnels croissent proportionnellement à la chaleur, un amas de corps possédés baignant dans la sueur. Le sado-masochisme fait subir son dur labeur. Les mains sont dirigées vers le ciel. La douleur prédomine et devient exponentielle. J'y suis resté, le temps d'une seconde d'éternité. Les drogues pullulaient, j'étais exténué. Je me rends compte que je suis devenu le Mal. Au point de ressentir des émotions tribales, tel un cannibale. Satan au petit coeur, je me suis métamorphosé, caché tel un nectar empoisonné dans une fleur.
Jour. Encore pas de vent. Je me réveille. Je baille en même temps. J'ai des maux de tête, j'ai mal un peu partout. Mon coeur bat très fort. Des souvenirs remontent après coup. La rosée du matin témoigne de la nuit passée. Et les arbres couchés dans le jardin indiquent que le Malin est passé. Etait-ce un rêve, un flash? Cette sensation d'interrogation est bizarre. C'est comme si j'avais été emporté, aspiré, puis ramené par un trou noir.
J'ai trouvé le sens profond de cette "rétrospective-prémonition". Ce voyage dans mon subconscient m'amène à une réflexion et une conclusion. J'arrive à un moment marquant de cette adolescence et de ses évènements si abscons. Je ne suis plus le même depuis cette vision. J'appréhende les rêves, donc le sommeil profond. En chacun de nous sommeille un être diabolique, attiré par le mauvais : faits et objets symboliques de tout ce qui est sadique. Le noir inspire, le sombre occulte. Mais je n'adhère pas au satanisme ni à n'importe quel culte. Par contre j'adhère au mouvement gothique, à l'origine de cauchemars, qui eux ne sont pas des remèdes, mais des guides de l'agressif espoir...
Jour. Une nouvelle vie commence. Comme si je ressuscitais après plus de 14ans d'absence. Une brise souffle. Elle manque de m'emporter. Mais je me sens plus agile; même invincible, parfaitement affûté. J'ai vu le film de ma vie défiler dans ma tête. J'ai fait face aux tortures d'esprit, à toutes les tempêtes. Je renaîs de mes cendres après avoir côtoyé les fouets de l'Enfer. J'étais emprisonné, captivé par le regard de Lucifer. J'ai regardé droit dans les yeux la Mort avant qu'elle ne se propage autour de moi. Miraculé, Antéchrist, on m'appelera comme on voudra. Je n'existe plus sous ma forme originelle. J'ai changé de cocon. Même mon mode de pensée n'est plus tel quel. Je me suis fortifié avec les difficultés...
Toi qui me lis, sois proche de tes amis, encore plus de tes ennemis, et connais-toi toi-même. La philosophie ne résout pas mais analyse et comprend les problèmes. S'il faut être proche de la mort pour vraiment se sentir vivre, j'irai la taquiner au bord du gouffre, à en devenir ivre...
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