L'infini au voile de sépia nous couvre
De sa parure sombre et ainsi nous ouvre
Les portes de ces hallucinations perdues
Dans les blessures abyssales ambiguës
La fureur des cieux, ô mutilés, hurle
En l'au-de-là des grondements terribles
Et lacère de ses crocs de lumière
Le plumage noir de l'oiseau des ténèbres
Sous la rage impériale du Tout Puissant
Le Ciel se noie en ses larmes mauves, sang
Qui s'écoule de ses plaies mortelles, ce soir,
Une année meurt, flamme épuisée, ô fin d'espoir
La danse macabre du feu vital sombre
En un soupir aux vapeurs veloutées d'ombre
Et je pleurs devant la mort de la chandelle
Qui m'offrit un beau jour pour d'autres si cruels
Mais un nouvel enfant est né ce matin
La bougie se rallume en un feu divin
Eclairant les larmes de mes joues sanguinolantes
La nuit demeure devant moi, indifférente
Perché sur l'anse du bougeoire d'argent
Un corbeau, fantôme de mes rêves d'amants
Me fait face, immobile, je contemple
De toute mon âme ce corps, ô ce temple !
La flammèche aux convulsions de douce brûlure
Révèle l'aquarrelle des écorchures
De mon coeur, portée en les plumes superbes
Du charognard pour lequel mon être tombe
Je m'enivre du vin de sa belle parure
Ses ailes d'ében m'inspire l'écriture
Ah ce vaste océan qui s'étend devant moi
Au fond de ses yeux et de ses reflets de roi !
Je les veux, je les désire, ces couleurs
Et cet esprit, colonnes sublimes du bonheur
Je tends ma main vers ce fabuleux oiseau
Au plumage de velours si fin et si beau
Mais par l'ordre du destin, il s'envole
Haut dans le firmament, cette fiole
Aux cristaux de diamant dont je suis folle
Il a emporté la clef dans son envol
Enfermée dans la prison de rouille pleurante
Je crie le retour de celui qui m'enchante
De son ramage comme de sa présence
Reviens-moi, toi dont je suis démente !